ESPACE POLITIQUE | Renforcer les soins, mais avec réalisme

24.07.2025

La deuxième étape de l’initiative sur les soins infirmiers est décisive pour l’avenir de la branche en Suisse. Avec son projet de nouvelle loi fédérale sur les conditions de travail dans les soins infirmiers, le Conseil fédéral a présenté ses idées, certes belles en théorie mais soulevant des questions, et dont la mise en œuvre risque de rencontrer des difficultés considérables. Nous, ARTISET et CURAVIVA, nous engageons pour des conditions de travail attrayantes, mais il faut que celles-ci apportent de réelles améliorations, et que leur mise en œuvre soit réaliste ainsi que leur financement assuré.

Les soins doivent être revalorisés – la société est d’accord sur ce point. Or, les dispositions prévues, notamment sur le temps de travail ou les suppléments, accroissent les besoins en personnel et réduisent la marge de manœuvre des établissements. De plus, les EMS n’emploient pas que des infirmier·ères; des règles différentes pour chaque groupe professionnel au sein d’un même établissement créent des inégalités et des tensions. Pour une branche qui souffre déjà d’une pénurie aiguë de main-d’œuvre qualifiée, de telles dispositions sont contre-productives. Au lieu de décharger le personnel actuel, on risque de l’accabler.

Reste en outre la question du financement des importants surcoûts. Sans financement clair et contraignant, le nombre de places de soins de longue durée risque de baisser, avec de graves conséquences pour la sécurité de l’offre correspondante. Une initiative politique qui produit l’effet inverse de celui recherché n’est pas constructive.

Nous demandons donc une plus grande marge de manœuvre pour les établissements, moins de bureaucratie et, surtout, le financement garanti de toutes les mesures. Les EMS doivent pouvoir répondre de manière flexible aux différentes réalités de vie de leur personnel. Une réglementation venant de la Berne fédérale n’est d’aucune utilité si elle ignore la réalité des entreprises.

La deuxième étape de l’initiative ne doit pas devenir un train de mesures bureaucratiques et accablantes. Il doit s’agir d’une démarche commune menant à des solutions durables, réalistes et pouvant être financées, pour le bien des personnes nécessitant des soins, du personnel et de notre société dans son ensemble.


Christina Zweifel, directrice de CURAVIVA et membre de la direction d’ARTISTE.


Photo: Elisabeth Seifert