Un nouveau rôle, à l’interface entre soins et prévention des infections

Pourquoi avez-vous décidé de développer une formation continue d’infirmière et infirmier de liaison pour les EMS?

Isabell Liewald: L’impulsion a notamment été donnée par le plan d’action NOSO de l’OFSP, qui plaide pour une intégration systématique de la PCI dans les EMS. Cela place certaines institutions face à de nouvelles tâches. Par ailleurs, nous avons reçu ces dernières années de plus en plus de retours du terrain selon lesquels des profils et une formation initiale et continue pratique consacrée à la PCI font défaut pour les soins de longue durée. Le rôle des infirmières et infirmiers de liaison offre un grand potentiel: la transmission des connaissances aux équipes des EMS.

Ursula Arn: Depuis la pandémie, la prise de conscience de l’importance de protéger les résidentes et résidents et le personnel s’est accrue. Un soutien spécialisé est essentiel, mais les institutions n’ont pas toutes les moyens d’avoir dans leur équipe une personne titulaire d’un examen professionnel supérieur de deux ans en prévention des infections. La formation continue d’infirmière et infirmier de liaison s’en distingue clairement. Elle permet ­qualifier pour un rôle clé dans la PCI sans relever du niveau fédéral.

 

Quelle fonction assumeront les infirmières et infirmiers de liaison dans les EMS?

Isabell Liewald: Ces personnes assureront l’interface entre les soins et l’expertise en matière de PCI. Elles ­identifieront les risques, initieront des mesures de prévention, formeront leurs collègues et promouvront une culture de la PCI dans les institutions. En coachant les équipes, elles soutiendront leur développement professionnel dans ce domaine. Dans leur rôle de multiplicatrices, elles seront en contact étroit avec la direction des institutions, les spécialistes de la prévention des infections, les infirmières et infirmiers de liaison d’autres EMS et les offices cantonaux de la santé.

«En coachant les équipes, les infirmières et infirmiers de liaison soutiennent leur développement professionnel en matière de prévention des infections.» Isabell Liewald, chargée de formation chez ARTISET Formation Continue

Comment la formation continue est-elle structurée et quels sont ses grands axes?

Isabell Liewald: Elle est très axée sur la pratique et le cours de base comprend cinq journées. En outre, les spécialistes des institutions pour personnes en situation de handicap et pour enfants et jeunes peuvent suivre des cours d’approfondissement d’une journée. Les grands axes incluent les notions de base des infections nosocomiales, les normes d’hygiène et les dispositions légales, la PCI dans un contexte interprofessionnel et la collecte de données afin de surveiller et de gérer les mesures sanitaires.

Ursula Arn: Le lien fort avec la pratique dans les soins de longue durée nous distingue des autres offres. L’approfondissement ciblé pour les autres domaines spécialisés est aussi une nouveauté. De plus, nous nous adressons délibérément à toutes les unités des EMS, des soins au service technique en passant par l’hôtellerie. La prévention des infections est un travail d’équipe et ne fonctionne que si tout le monde s’implique.

«Cette formation continue permet aux collaboratrices et collaborateurs intéressés de se développer et d’assumer plus de responsabilités dans l’entreprise.» Ursula Arn, responsable Développement des professions et du personnel Personnes âgées chez ARTISTE Formation continue

À qui souhaitez-vous vous adresser avec cette offre?

Isabell Liewald: La formation continue s’adresse aux spécialistes de formation secondaire ou tertiaire, notamment les assistantes et assistants en soins et ­santé communautaire, les assistantes et assistants socio-éducatifs, le personnel infirmier diplômé ES/HES et le personnel de l’entretien du bâtiment, de l’intendance et de l’hôtellerie.

 

Comment ancrer le rôle d’infirmière et infirmier de liaison dans l’organisation des EMS?

Isabell Liewald: Il est important de définir clairement les tâches et d’intégrer ce rôle dans l’organisation; idéalement, celui-ci devrait figurer dans l’organigramme. Dans les institutions qui n’ont pas de personne chargée de l’hygiène, ce rôle peut être rattaché à une structure existante, comme la direction des soins ou la gestion de la qualité. Un lien professionnel clair est ainsi assuré.

Ursula Arn: Le rôle devrait s’accompagner d’un pouvoir de direction et d’un ajustement approprié du salaire, mais aussi d’une répartition claire du temps de travail pour que ces personnes puissent effectuer toutes leurs tâches. Cette formation continue permet aux collaboratrices et collaborateurs intéressés de se développer et d’assumer plus de responsabilités dans l’entreprise. C’est une étape de carrière intéressante, en phase avec le développement du personnel.

 

Qu’attendez-vous à long terme des infirmières et infirmiers de liaison qualifiés?

Isabell Liewald: Nous voulons remplacer les campagnes sanitaires ponctuelles par une culture de la PCI intégrée au quotidien. Les infirmières et infirmiers de liaison pourront y contribuer en promouvant la sécurité, en lançant des processus de réflexion et en encourageant des changements de comportement ­durables. À long terme, la ­qualité de vie des résidentes et résidents s’en verra améliorée. Cela permettra de réduire les risques d’infection, de contenir plus vite les flambées et de ménager les ressources.

 

Quelles sont les prochaines étapes pour cette offre de formation?

Isabell Liewald: Le premier cours débutera à l’automne 2025. Il est ensuite prévu de le proposer deux fois par an. À l’avenir, la formation pourrait aussi être offerte en français. Nous évaluerons l’impact et l’acceptation à la fin de la première session.

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Photos: DR