L’initiative pour un frein aux coûts aggraverait la pénurie de personnel qualifié

01.05.2024 Marianne Pfister

Le 9 juin, le peuple suisse se prononcera sur l’initiative pour un frein aux coûts. Celle-ci exige un plafonnement strict des coûts pour les prestations couvertes par l’assurance de base, ce qui mettrait en péril notre système de santé financé par la solidarité.

Trois aspects en particulier me préoccupent concernant cette initiative:

Premièrement, elle veut coupler les dépenses de la santé à la situation économique. Ce mécanisme est dangereux car, en période de mauvaise conjoncture, les coûts de la santé ne baissent pas automatiquement. La pandémie de coronavirus est le meilleur exemple montrant que l’inverse peut aussi se produire: la situation économique s’est détériorée alors que les coûts de la santé ont pratiquement explosé.

«Nous avons besoin de soins de haute qualité, qui restent accessibles de manière égale à toutes et tous.»

Deuxièmement, le plafonnement strict des coûts voulu par l’initiative provoquerait un rationnement des prestations de santé. L’accès aux soins en temps utile pour les patientes et patients au bénéfice de l’assurance de base ne serait donc plus garanti. Cela toucherait aussi les clientes et clients des services d’aide et de soins à domicile et les résidentes et résidents des EMS. Enfin, l’accès aux soins deviendrait un luxe: seules les personnes pouvant se le permettre financièrement continueraient à bénéficier de soins en tout temps.

Troisièmement, un tel frein aux coûts toucherait tout particulièrement notre personnel de santé, les charges salariales et de personnel représentant une grande partie des coûts de la santé. La limitation des dépenses exigée par l’initiative aggraverait donc la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans notre secteur. Par ailleurs, l’initiative pour un frein aux coûts va à l’encontre de celle sur les soins infirmiers, à laquelle nous avons dit «OUI» avec conviction en 2021.

Pour ces raisons, Aide et soins à domicile Suisse s’engage aux côtés de nombreuses autres organisations du domaine de la santé pour un «NON» clair à l’initiative pour un frein aux coûts. Seul son rejet permettra à notre système de santé de continuer à garantir ce que la population en attend: des soins de haute qualité, qui restent accessibles de manière égale à toutes les personnes malades et tributaires de soins.

Marianne Pfister est codirectrice d’Aide et soins à domicile Suisse